Le harcèlement scolaire
Fléau qui angoisse parents et enfants, il n’y pas une semaine où le mot « harcèlement » n’est pas entendu dans les médias, les conversations, les écoles…
Les statistiques parlent d’un élève sur 10 touché par ces violences. Quel est la définition du harcèlement et cyberharcèlement? Quels moyens pour la traiter et surtout comment s’en prémunir?
De plus en plus, on parle de cours d’empathie, importés des pays nordiques pour enrayer le phénomène, avec un taux de réussite important. Nous allons voir que la méthode pHARe employé dans les écoles a de nombreux avantages.
Quel est la définition du harcèlement?
Le harcèlement est défini comme des violences physiques, verbales et psychologiques, répétées, sur une longue période. Elles sont faites dans le milieu scolaire, par une ou plusieurs personnes. C’est essentiellement dû à l’effet de groupe.
L’enfant est soumis au groupe dans le bus scolaire, au périscolaire, en classe, parfois les mercredis, au sport… Il a besoin d’avoir le sentiment d’appartenance à ce / ces groupe(s).
Dans le harcèlement, il s’agit d’un rapport de force et de domination répétitif.
De quels types de violences s’agit-il ?
On parle d’intimidation, d’insultes, de menaces, de moqueries, d’humiliations, chantages, agressions, rackets, rejets sociaux, mises à l’écart, jeux dangereux… Et de cyberharcèlement !
2. Les conséquences.
*Pour la victime :
- stress (trouble du sommeil, de l’alimentation, somatisation)
- trouble du comportement (isolement, communication casi-inexistante),
- perte de l’estime de soi (laisser aller) et la confiance en soi,
- décrochage scolaire,
- idée suicidaire
*Pour l’intimidateur, qui souvent a des blessures narcissiques (besoin d’être admiré, leur estime de soi dépend du regard des autres) :
se conforter dans son comportement car une étiquette a été posé (valoriser par effet de groupe),
- manque d’empathie (car lui seul compte),
- pour avoir l’ascendant il maintient un comportement violent,
- marginalisation, échec scolaire
* Pour les parents :
- Stress, angoisse, inquiétude, peur, rajouter à certaines charges mentales déjà existantes
- Rapport de confiance avec l’établissement scolaire, voire avec le rectorat
- Envie que justice soit faite, avec des sanctions et punitions, voire même de rencontrer les parents de l’intimidateur et régler ses comptes : envie d’agir et vite !
* Pour l’établissement :
- la réputation d’un établissement scolaire. La confiance, dés le départ, peut être entachée par le bouche à oreille, les statistiques, la médiatisation…
- Le temps consacré à la prise en charge est important dans l’organisation de la journée déjà chargée.
- L’implication et la formation des personnels et la mise en place, en collaboration avec les élèves. Il faut savoir que plusieurs projets existant demande aux personnels des implications déjà : aide aux devoirs, projets divers et varié sur des thèmes différents tout au long de l’année, voyages scolaires…
3. Méthode de préoccupation partagées (pHARe)
Cette méthode vient des pays nordiques (Suède), sous le nom de la méthode PIKAS (le nom de son inventeur), en 1975. Elle a été adapté en France par Marie Quartier, Jean-Pierre Bellon et Bertrand Goudette… en 2011. Elle permet de partager une inquiétude pour autrui : c’est le programme de lutte contre le harcèlement à l’école (pHARe).
* La victime est nommée élève cible
* L ‘élève en cause est intitulés l’intimidateur
* les élèves dit « neutres » sont appelés des élèves soutiens
∆ Il n’y a pas de sanctions prévues avec cette méthode !
L’idée est d’entourer l’élève cible et que chacun est un regard particulier pour lui.
La méthode s’applique en plusieurs temps :
- Repérer la situation : des élèves dit ambassadeurs sont connus de tous l’établissement et permet de faire le lien entre élèves et équipe pHARe adulte. Ce groupe d’élèves permet de repérer des situations à risque et de permettre l’amorcement du protocole.
- Faire parler l’élève cible : un membre adulte du groupe pHARe reçoit l’élève en toute confidentialité, bienveillance et facilite la parole du jeune. Il garantit le secret de ce qu’il est dit et essaie d’avoir des noms aussi bien de l’intimidateur que d’élèves soutiens.
- entretien bref (max 3 min), réalisé par un adulte différent, de ou des intimidateur(s), des élèves soutiens.
Cet entretien, que ce soit pour l’intimidateur ou pour les élèves soutiens, a pour but de faire part d’une préoccupation observée de l’élève cible et de chercher comment aider un élève à aller mieux.
Il faut noter les suggestions des élèves.
- De nouveaux entretiens avec ces mêmes élèves doivent avoir lieu, une semaine à 15 jours au plus tard, pour évaluer la situation.
Les parents de l’élève cible sont informés tout au long de la méthode.
Cette méthode testée depuis 2014, dans certains établissement, évoque des taux de 83% de réussite.
Les 17% restant, qui a du nécessité sanctions / punitions, peuvent s’expliquer par :
* Manque d’alliance avec les parents
* Plusieurs élèves cibles et plusieurs élèves intimidateurs dans la même classe, avec des attitudes de provocation.
* Faits graves : propos raciste ou homophobe, cyberharcèlement (nude, sexting)
4. Le cyberharcèlement
Il s’agit d’harcèlements pratiqués par voie électronique, notamment sur les réseaux sociaux. Il y a deux types de cyberharcèlement : celui, circulaire, qui commence à l’école et qui s’étale sur les réseaux sociaux, revenant à l’école; celui qui commence sur les réseaux sociaux, qui a des répercussions à l’école.
L’anonymat aidant, l’intimidateur se sent fort et se permet des violences ou menaces qu’il ne se permettrait pas, le plus souvent, en face à face.
Cela peut être des sexting, forme de cyberharcèlement qui commence par des images partagées, à caractère de séduction entre personnes de confiance, qui finit par être partagé entre quelques amis et puis sur les réseaux sociaux.
.
Les réseaux sociaux sont des plateformes d’échanges entre individus du monde entier, appartenant le plus souvent à des pays hors de l’union européenne, d’où la difficulté de cadrer par des lois européennes et la difficulté d’enlever des images déjà diffusées.
Par le téléphone portable, l’ordinateur ou tablettes, nos enfants ont accès à ces réseaux, même les plus petits (dessins animés sur YouTube qui est un réseau social, par exemple).
5. Les lois et ressources.
Toutes les formes de violences citées plus haut sont toutes condamnables :
- Violences psychologiques : art Ce délit est puni par l’article R621-1 du code pénal d’une peine pouvant aller jusqu’à 6 mois de prison et de 12000 € à 45000 € d’amende. La menace est un délit. L’article 322-17 et 222-18 du code pénal prévoit une peine pouvant aller jusqu’à 6 mois d’emprisonnement et de 7500 € d’amende.
- Violences physiques : l’article 222-7 et suivant du code pénal prévoit une peine allant de 150 à 1500 € d’amende et de 3 à 30 ans d’emprisonnement.
- Complicité : Article 434-3 du code pénal : « Le fait, pour quiconque ayant eu connaissance de privations, de mauvais traitements ou d’agressions ou atteintes sexuelles infligés à un mineur ou à une personne qui n’est pas en mesure de se protéger en raison de son âge, d’une maladie, d’une infirmité, d’une déficience physique ou psychique ou d’un état de grossesse, de ne pas en informer les autorités judiciaires ou administratives est puni de trois ans d’emprisonnement et de 45000 € d’amende.
- La discrimination : article 225-1 et 225-2 du Code pénal) de 3 ans d’emprisonnement et de 45 000 € d’amende
- Le racket : r l’article 312-1 à 312-9 du code pénal passible d’une peine de 7 ans de prison et d’une amende jusqu’à 100 000 €
- Harcèlement et cyberharcèlement : Depuis la loi du 4 août 2014 l’article 222-33-2-2 du code pénal prévoit que « le fait de harceler une personne par des propos ou comportements répétés ayant pour objet ou pour effet une dégradation de ses conditions de vie se traduisant par une altération de sa santé physique ou mentale est puni d’un an d’emprisonnement et de 15 000 € d’amende, de deux ans d’emprisonnement et de 30 000 € d’amende, lorsqu’ils ont été commis par l’utilisation d’un service de communication au public en ligne ou par le biais d’un support numérique ou électronique»
J’attire votre attention sur le fait que cela ne s’applique pas chez les mineurs et que le cyberharcèlement est difficile à appréhender. Les choses évoluent mais lentement !
Vous avez des sites gouvernementaux comme ressources pour plus d’informations, des lignes téléphoniques ouvertes pour le harcèlement 3020 et pour le cyberharcèlement 3018.
Le CNIL (commission nationale de l’informatique et des libertés) peuvent aider au retrait d’images de votre enfant non consenti.
Il est possible de demander le déférencement à GOOGLE si l’image apparaît dans le moteur de recherche. Ce n’est pas un retrait d’images mais un droit à l’oubli.
Signaler au réseau social concerné les faits constatés.
Plusieurs liens sont proposés ci-dessous.
6. La prévention.
* Guider votre enfant dans l’utilisation du portable : une fois cette liberté acquise dans l’utilisation des réseaux sociaux et si le cadre n’a pas été fixé, il sera difficile de revenir en arrière (désinstaller le réseau social ou confisquer le portable …). En effet, l’enfant aura le sentiment d’une nouvelle exclusion de groupe, d’une intrusion dans sa vie privée, la communication et le lien de confiance sera rompu.
*Entretenez la communication avec votre enfant afin de lui permettre de se livrer en toute confiance. En l’écoutant, sans le conseiller d’emblée, en ne surréagissant pas, vous lui laisser un espace d’expression de ses sentiments et vous pouvez envisager avec lui les solutions. Ne pas intervenir auprès de l’école sans son consentement (en fonction de la gravité de la situation, vous êtes juge dans la protection de votre enfant).
* Ne pas blâmer, culpabiliser votre enfant, il est déjà meurtri, entourez le de toute votre affection.
*Proposez-lui de consulter des professionnels ou des activités lui permettant de retrouver son estime de lui-même (théâtre, sport…).
* Garder une bonne relation, basée sur la confiance avec l’établissement de votre enfant afin de travailler en collaboration avec lui.
* Entourez vous de partenaires différents pour vous épauler (associations, coach…)
Le harcèlement doit être enrayé par des méthodes apprenant aux enfants à reconnaitre les émotions chez eux, puis chez autrui. L’empathie est défini comme la possibilité de comprendre l’autre dans ses ressentis, émotions, sans jugement, en se mettant à sa place. Se couper de ses émotions ne permet pas d’appréhender un monde de savoir vivre ensemble, car nous sommes tous différents. La compréhension que chacun est différent, mais complémentaires évite les compétitions, les comparaisons, d’être « normé »… Donc une vie plus inclusive !
Cette méthode permet d’induire cette empathie chez les intimidateurs, mais il faudrait envisager de travailler dès la petite enfance sur les émotions.
Références :
- https://www.france-victimes.fr/index.php/informations-pratiques/817-le-harcelement-scolaire#:~:text=Dans%20le%20milieu%20scolaire%2C%20le,mise%20%C3%A0%20l’%C3%A9cart%2C%20jeux
- https://www.reseau-canope.fr/actualites/actualite/le-harcelement-scolaire-comment-le-detecternbsp.html
- https://www.education.gouv.fr/non-au-harcelement
- https://www.cnil.fr/fr/demander-le-retrait-de-votre-image-en-ligne
- https://www.fondation-enfance.org/jai-besoin-daide/je-suis-enfant-adolescent/dangers-sur-internet/personne-a-diffuse-menace-de-diffuser-photo-video-intime-de-moi-internet/