La prématurité est souvent imprévisible et donc non préparée, mais dans les grossesses à risque, c’est l’épée de Damoclès au-dessus de la tête des futurs parents. C’est, en partie, pour cela que les suivis de grossesse existent : prévenir et si possible traiter une cause, préparer les futurs parents et les équipes médicales, afin d’accueillir l’enfant dans les meilleures conditions.
Quel est le parcours d’un bébé prématuré ? Quelle place pour les parents?
La prématurité se définit comme l’arrivée précoce d’un bébé due à une grossesse qui n’aboutit pas à terme, soit à 41 SA. Médicalement parlant, on parle de semaine d’aménorrhée (SA), on date la grossesse à partir de la date des dernières règles, et non à la date de conception.
La prématurité est définie par une naissance avant 37 SA (8 mois et demi). Il y a des degrés de prématurité :
Cela concerne 6.6 % des naissances en France, soit 45 000 enfants par an (chiffre de 2020) ! .
* Liées à l’état de santé de la mère : hypertension, hémorragie, rupture prématurée de la poche des eaux, travail prématuré d’accouchement, déni de grossesse, diabète,…
* liées au bébé : retard de croissance intra-utérin
* liées à une grossesse multiple
70% sont des causes spontanées !
Toute cette immaturité va amener l’enfant dans un hôpital de niveau 2 , en capacité d’accueillir un service de néonatalogie ou de niveau 3 avec en plus un service de réanimation néonatale, en fonction du degré de prématurité.
Lors des différents examens qu’il va avoir, on parle de son âge réel, de son âge corrigé (l’âge qu’il aurait dû avoir en naissant à terme) pour évaluer son développement psychomoteur et de son gestationnel (nombre de SA à la naissance).
Le bébé sera installé dans une couveuse (ou incubateur) et relié à une ou plusieurs machines selon ses besoins :
Tout cet univers médicalisé n’est pas rassurant et impressionne énormément. Toutes démarches et procédures médicales sont discutées avec les parents.
Selon la situation, les parents pourront voir leur enfant, à sa naissance, avant le transfert en service de néonatalogie, en fonction de l’âge gestationnel et de l’état de l’enfant.
Il faudra attendre la stabilisation du bébé avant de pouvoir le voir. Les équipes médicales sont au fait de la douleur que cela provoque et accompagnent les parents au mieux dans la situation. Le stress est au maximum du côté des parents aussi bien que du côté des équipes qui donnent tout leur savoir-faire, pour rétablir une stabilité.
Dès l’autorisation de l’équipe, les visites se font toute la journée : parfois, on peut toucher bébé par des ouvertures au travers de l’incubateur, ou un peau à peau peut être proposé afin de réguler le rythme et la respiration de bébé, une meilleure digestion.
Une proposition d’allaitement pourra être faite : la mère pourra tiré son lait qui sera donné au bébé assez rapidement. La digestion pour le bébé sera meilleure et l’apport d’anticorps permettra une meilleure défense immunitaire. Il existe aussi un lait type préma, qui sera mieux assimilé que le lait premier âge ou du lait maternelle sera donné provenant d’un don fait à un lactarium.
La difficulté pourrait être pour les mamans ayant subi une césarienne : en effet, la rencontre avec son bébé peut être retardé selon les équipes obstétriques. Ou pour les mamans qui ont dû être séparé de leur bébé, car le niveau de la maternité ne permet pas de le garder : il faut donc le transférer dans une autre maternité, parfois loin du domicile.
L’univers médicalisé limite la rencontre avec son bébé, mais au fur et à mesure, certains soins pourront être faits avec le soutien de l’équipe : changer la couche, donner le biberon … Vous gagnerez en autonomie bien avant la sortie de l’hôpital.
Votre enfant a récupéré, il peut rentrer mais des rendez- vous sont organisés pour le suivi, auprès d’un pédiatre spécialisé.
Votre enfant a des séquelles qui nécessitent des soins : soit ses besoins sont gérables à domicile, soit l’hospitalisation est prolongée, probablement dans un autre service.
Des handicaps sont détectés, alors, il faut commencer des démarches, s’entourer de professionnels ou associations, pour avoir le maximum de soutien au quotidien. Non seulement il y a eu l’angoisse de cette naissance prématurée et de l’univers médicalisé, mais maintenant s’ajoute un nouveau drame ! Faire le deuil de l’enfant idéal, de la maternité idéale que l’on s’est imaginé tout au long de la grossesse, dans un temps si court ! Une étude montre que 80,5 % des enfants n’ont aucune séquelle pour les enfants nés en 2011 (contre 74.5 % des enfants nés en 1997) !
Il n’y a pas que la prise en charge du bébé à assurer ! La prise en charge psychologique des parents est aussi importante pour les aider à évacuer les émotions, les aider à prendre en charge leur enfant et leur donner la possibilité de parler et d’être écouté.
Bien que la plupart des enfants ont une bonne évolution, j’ai une pensée pour les parents qui n’ont pas pu avoir la chance de voir grandir leur enfant (3.31 % des enfants nés en dessous de 37 SA, ou 321 enfants en 2021). Vous devez prendre soin de vous et ne pas culpabiliser ! Des numéros verts comme le 0800 96 60 60, SOS Préma, peuvent vous écouter, soutenir et garder l’anonymat si besoin. Sinon, des professionnels (psychologue, psychiatre, psychothérapeute, …) sont prêts à vous aider. Laissez-vous le temps de remonter à la surface, laissez les injonctions “il faut…”! Vous êtes parents avec des souffrances de parents !
Références :